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vendredi 12 décembre 2008

L'échiquier


Jeu des rois, roi des jeux. L'échiquier symbolise la prise de contrôle, non seulement sur des adversaires et sur un territoire, mais aussi sur soi-même, car la division intérieure du psychisme humain est aussi le théâtre d'un combat.
Que de qualités ne faut-il pas déployer à ce jeu!


L'échiquier symbolise aussi l'acceptation et la maîtrise de l'alternance, ainsi que l'observe Roger Caillois, alternance des cases blanches et noires, comme les jours et les nuits, le yin et le yan, alternance d'enthousiasme et de contrôle, d'ivresse et de retenue, mais surtout parce que sur une telle étendue absolument cohérente, il n'est aucune pièce qui n'ait de répercussion sur les autres... !

N'est ce pas l'image des actes qu'accomplit un être humain sur l'échiquier de ses moyens et de ses ambitions?

Et le symbole des relations innombrables, des multiples rapports de force, qui peuvent se déployer dans un seul ensemble?

Voici des questions qui portent à réflexions...

Roger Caillois, né le 3 mars 1913 à Reims et mort le 21 décembre 1978 au Kremlin-Bicêtre, est un écrivain, sociologue et critique littéraire français.



Cette surface plane divisée en soixante-quatre carrés constitue une forme de mandala qui symbolise l'affrontement des puissances cosmiques dans le monde manifesté. Le mandala étant lui-même une figure géométrique qui évoque l'essence d'un dieu ou un archétype des structures de l'univers, servant de base à la construction des temple



Aussi rapporte- t-on parfois l'invention de l'échiquier au dieu Shiva qui , dans sa danse cosmique crée " les harmonies , les modules, les plans, les schémas selon lesquels vont s'organiser toutes les structures de la matière et de la vie."




Il s'agit bien en effet d'une structure fondamentale de l'organisation du monde, mais que l'on perçoit plus clairement si l'on se réfère surtout à la cosmogonie chinoise.




L'alternance du yin et du yan et leur mise en mouvement par un troisième élément donne naissance à des figures de trois traits, les trigrammes fondamentaux aux correspondances symboliques multiples, et que décrivent l'ensemble des phénomènes célestes et terrestres ( le ciel, la terre, l'éclair et l'eau, la montagne, le vent, le feu et le lac ) mais aussi les huit régions concrètent de l'espace (nord, nord-ouest, ouest etc...) et les huit vents qui leur correspondent sans omettre l'organisation de la famille ( le mère, la mère, trois fils et trois filles ) et de la société qui en découle.

Composés entre-eux par appariements de deux, ces huit trigrammes donnent naissance à soixante-quatre figures ou hexagrammes, dont les perpétuelles mutations décrivent l'ensemble du monde manifesté, ainsi que les lois invisibles de l'énergie qui le gouverne.

D'où l'importance de l'échiquier dont les soixante-quatre cases renvoient de la sorte une signification cosmique, et dont la maîtrise permet au joueur de s'insérer dans l'ordre universel.


Personne ne s'étonnera dès lors de retrouver le même symbole dans l'art militaire (afin de désigner certaines dispositions de troupes formées en carrés ) et surtout dans l'ordre législatif,, de l'assemblée de haute justice de Normandie, que Louis XII érigea en Parlement, jusqu'à la Cour de l'Echiquier qui administrait en principe selon la bonne règle les revenus du royaume d'Angleterre (on comptait l'argent sur un tapis disposés en carrés ).




Les armes, l'argent, la justice : L' Echiquier est bien encore aujourd'hui un symbole d'ordre du monde manifesté et des lois qui le gouvernent!

Première leçon, aritméthique, quant aux capacités potentielles du Damier.



On attribue parfois l'invention des échecs à la caste hindoue des guerriers Kshatriya car la stratégie du jeu rappelle celle de l'affrontement des Titans - Asuras - et les dieux - Devas.



La répartition du jeu entre deux camps adverses, les noirs et les blancs qui interpénètrent leurs forces dans le combat, et les références numériques qui les structurent (deux fois huit pièces sur soixante quatre cases, soit aux départ, la moitié de l'espace vide et l'autre plein), donnent plutôt à penser que les échecs ont une origine chinoise.



On raconte d'ailleurs un premier tournoi qui serait déroulé en- tre le roi Wou, civilisateur de la Chine, et le Ciel.





Le combat des noirs et des blancs rappelle l'alternance du yin et du yang,tandis que les huit pièces majeures évoquent les huit trigrammes de base du I-Ching, le grand livre des mutations : leur développement en soixante-quatre figures ou hexagrammes (8x8) contient la clé de lecture de l'univers et de l'ensemble de ses manifestations!





Les mêmes règles régissent l'exercice du pouvoir et le jeux d'échecs, ceux ci trouvant leur place dans l'éducation des princes : le Roi avance pas à pas, conscient de sa grandeur, jamais pris par surprise, ultime recours et dernier combattant, tandis que tous les autres se font tuer pour lui - mais il peut récompenser un simple valet et le faire général!


Les Fous marchent en oblique sur les côtés du roi.


Les Cavaliers sautent par dessus les combattants.




Les Tours se déplacent en tout sens et toujours en carré.



Les Valets, condamnés à toujours aller de l'avant, ne peuvent jamais rétrograder.





Seule la Reine peut se déplacer en tout sens, dotée d'autant de pouvoir que le Roi, mais sacrifiée avant lui au combat.



Jeu d'honneur et non d'argent, autorisé de ce fait par l'Eglise, les échecs joués par les princes les entraînent à l'occasion dans d'interminables parties où ils perdent quelque fois leur royaume.


Dans l'épopée de la conquête de l'Irlande, un célèbre tournoi d'échecs oppose Nuada, le roi manchot à la prothèse d'argent ( voir mutilation) à Lug, le sémillant guerrier tout-puissant. Vainqueur, Lug prend la place de Nuada pendant treize jours et débarasse l'Irlande des " Fomoire" anciens génies malfaisants.


L'éléphant de guerre mythique, le fou actuel,utilisé par le roi Porus contre Alexandre le Grand, lors de la bataille d'Hydapses. En Russie, cette pièce a conservée le nom d'éléphant.

mercredi 10 décembre 2008

Les echecs et le symbolisme

Le mot échecs vient du sanscrit ou du vieux persan, et dérive de shah qui signifie *Jeu* de rois, dont on dit qu'il est le "roi des jeux ".
Les échecs représentent un exercice d'intelligence éminemment stratégique, puisqu'il s'agit de conquérir un territoire symbolisé par un damier de soixante quatre cases noires et blanches, sur lequel s'affrontent deux joueurs, par l'intermédiaire d'armées composées de seize pièces chacune : huit principale - Le Roi,la Reine, les fous, les cavaliers et les tours, et huit pions ou valets.
Le but est de faire le Roi adverse " échec et mat ", c'est à dire de le faire mourir.
Connus en Europe dès avant les croisades ( le trésor de Saint-Denis possède un jeu d'échecs en Ivoire ayant appartenu à Charlemagne).

Les échecs sont venus d'Inde et de Chine, et non de Grèce comme on l'a prétendu sur la foi des petits cailloux avec lesquels les prétendants de Pénélope jouaient dans l'odyssée, devant le palais d'Ulysse. Leur invention reviendrait à un brahmane nommé Sissa ou Silsla, qui aurait vécu au Ve siècle et qui aurait imaginé faire ainsi entrer quelques connaissances fondamentales dans la tête des puissants.

L'histoire raconte d'ailleurs qu'un roi hindou ravi de cette invention,aurait voulu le récompenser. Le brahmane demanda alors une quantité de grain de blé égale a la somme de ceux qui seraient contenus sur le damier si on les disposait par progression géométrique : Un sur la première case, deux sur la deuxième, quatre sur la troisième, huit sur la quatrième et ainsi de suite jusqu'à soixante quatre.

Naïf, le roi accepta, mais son trésorier refusa tout net, car un rapide calcul montrait qu'il aurait fallu donner des milliards et des milliards de grains de blé pour honorer la demande!